Roman. Saison 1-1

Publié le par Jean-Luc GUILLEMIN

Roman, suite. Saison 1-1 (épisode précédent, voir Roman. Saison 1-0 - pilote)

Des affiches aux contours mal assurés, comme autant de miroirs fous, me renvoyaient une image fatiguée. Les gouttelettes en suspension faisaient scintiller les aplats les plus sombres. Mais qui pouvait s’en soucier ? D’un arrêt à l’autre brumes et odeurs mêlées prenaient possession des espaces laissés inoccupés, fonds grisés entre les personnages d’une bande dessinée. Seules quelques bulles, autour des plafonniers, restaient claires, comme les traces d’un dialogue improbable.

A la faveur de la pénombre qui limite mon champ d’action, je retrouve quelques réflexes que d’autres traques m’avaient rendus familiers : cartographier l’espace rapproché, pressentir les attitudes trop évidemment détachées, anticiper d’hypothétiques contournements. Mais sur les visages qui m’entourent, je ne lis rien. Ou presque.

Repéré ? Ce vieux chien d’arrêt a de beaux restes. Sans même le chercher du regard, je sais qu’il est là. Il a flairé quelque chose. La laisse n’était pas assez longue. Deux ans pourtant. M’esquiver serait facile mais contreproductif. Une retraite précipitée ne ferait que lui confirmer qu’il avait vu juste … et le terrain lui est favorable. Si rien ne se passe dans la minute qui suit, je garde l’avantage. Il ne connait de moi qu’un vieux cliché découpé dans un quotidien local. En noir et blanc. Je descendrai avec les autres, comme chaque nuit, employé anonyme d’un trois huit industriel.

Publié dans Roman

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